Les quelques conseils qui suivent, aussi peu judicieux qu'anciens, sont donnés dans un petit opuscule intitulé En kayak, le livre de chevet du canoétiste. L'auteur est M. M.C., il se pare du titre d'innovateur de la descente de rapides en christiana (sic). Ce manuel, édité à Lausanne, ne porte pas de date précise.
Dans la liste du matériel nautique, nécessaire pour la haute rivière, nous relevons : 2 cordes ou 1 corde et une chaîne avec cadenas, 1 grappin (ancre), 1 seringue, aspirante et refoulante, enfin 1 trousse d'outillage avec 1 spatule, 1 boîte de clous assortis, 1 mètre, 1 boîte de suif, 2 douzaines d'élastiques, 1 hachette. L'auteur nous avertit charitablement que la voile est inutile en haute rivière.
En ce qui concerne le camping il est conseillé : 1 camping, 1 toile de sol de 6 m², un parasol de peintre, 1 moustiquaire, 1 chandelier et bougie.
La tenue vestimentaire la plus pratique pour le départ en croisière est : 1 chapeau à larges bords, 1 pantalon de marine, 1 veston, 1 chemise et cravate. Pour la navigation, choix nous est laissé entre : 1 bleu de travail ou 1 costume (sic) de bain.
Une petite réserve, entre autre : à l'heure actuelle, l'emploi d'un chariot ayant des roues d'au moins 60 cm de diamètre ne semble plus guère nécessaire.

Je vous épargne les détails sur la technique de descente de rapides en christiana que A. chassang trouve aussi ridicule que dangereuse pour la sécheresse du costume de bain. Voici la fin.

Les dernières pages de En kayak nous incitent en croisière à nous lever à l'aube pour embarquer dès 6 heures du matin. L'auteur, de plus, semble détester particulièrement les fabriquants de kayaks, auxquels il s'attaque violemment, et les végétariens qu'il traite à la page 99 de bâtards et d'atrophiés du cerveau.
Tout cela nous amuse follement, canoéistes de 1968 que nous sommes ; mais au fait, croyez-vous que les pagayeurs de l'an 2000 (si l'Électricité de France a encore laissé des rivières à cette époque) ne s'amuseront pas eux aussi à la lecture de nos écrits d'aujourd'hui, car à cette époque la descente des torrents classe V (l'Ubaye étant devenue du II et un terrain d'école de pagaie en 1999) se fera dans des canoés en « plasti... je ne sais quoi » garantis incassables et inchavirables, le tout manœuvré par la pagaie radar à appel automatique.

Raté ! Ils sont juste pilotés par satellite, grâce au GPS.